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A la fin des années 70, Emilie, Inès, Stella et Marion sont amies au collège comme dans la vie. Elles partagent tout. les espoirs, les chagrins, les angoisses, les confidences et, bien sûr, les fous rires. Energiques, autonomes, intelligentes, elles font face, tant bien que mal, aux multiples soucis causés par leurs parents, tous plus immatures les uns que les autres. Confrontées à une réalité souvent agressive et presque toujours décevante, elles se protègent en inventant d'étranges rituels. Tandis que les trois autres voyagent en Italie, Emilie prend des cours de théâtre. Son professeur finit par devenir son amant.

Critique lors de la sortie en salle le 18/08/1999

Par Louis Guichard

C'est une bourrasque, un orage d'adrénaline, de sueur, de larmes de joie ou de rage, et parfois même de sang. Quatre filles déploient leurs ailes en se cognant à toutes sortes de murs communément appelés garçons, parents, profs, sexualité, avenir. Pourtant, cette adolescence au féminin ne ressemble pas à celles déjà vues sur un écran. Pour ces débutantes, la vie n'a rien d'une charmante chronique ni d'un roman d'apprentissage. ça tangue violemment entre tout et n'importe quoi, entre le zéro et l'infini. Noémie Lvovsky restitue cet âge des montagnes russes en bannissant aussi bien le « recul » que l'attendrissement. Sans prendre de gants, elle affronte l'intensité viscérale des premières fois. la vie ne lui fait pas peur. Dans ce déferlement d'images de toutes les couleurs, on cherche d'abord, par paresse, la ligne d'un récit. Mais le fil conducteur, c'est ce « quelque chose » qui, en chacune des quatre copines, ne changera jamais. C'est leur amitié fusionnelle, dont on peut rêver qu'elle persistera par-delà les séparations de l'âge adulte. Pour le reste, le film virevolte en liberté, brûlant les étapes, occultant des saisons, des années. D'abord, Inès, Emilie, Stella et Marion sont collégiennes, donc Petites ­ titre de l'époustouflant téléfilm diffusé par Arte en 1998, dont Noémie Lvovsky reprend maintes séquences. On les retrouve ensuite trois ans plus tard, au lycée, puis bachelières, et encore après, la vie devant elles. Ce que l'on apprend de ces filles au point de les connaître intimement, aucune voix off, aucun dialogue didactique ne nous l'assène. La réalisatrice procède par bribes nerveuses, physiques, denses comme autant de concentrés de vie et de cinéma. Les filles cavalent dans les couloirs du collège pour apercevoir un de leurs garçons favoris ­ elles disent leurs « bibis » ; la sage Marion entraîne le sien, auquel elle n'a presque jamais parlé, dans un café, et le supplie, au bord des larmes, de la dépuceler. Ainsi de suite, de gifles en fanfaronnades, de danses épileptiques en échanges fébriles de fantasmes. La forme fragmentée, si prisée par le jeune cinéma français, trouve ici sa pleine justification. à hauteur d'adolescente, il n'y a que des vertiges et des gouffres, des états successifs, disjoints. Dès son premier long métrage, Oublie-moi, Noémie Lvovsky savait exprimer le sentiment impérieux de son héroïne que toute sa vie se jouait à chaque instant. Elle récidive, avec encore plus d'évidence. chaque expérience est cruciale pour les filles. Cela n'empêche pas la drôlerie, voire le burlesque ravageur de nombreuses saynètes, mais c'est sans ironie ni condescendance. A ce degré d'empathie entre la cinéaste et ses quatre personnages, on a parfois l'impression d'assister aux réunions d'une secte. Ensemble, les filles jouent les marabouts, se fabriquent des amulettes à partir d'une photo de « bibi ». Elles psalmodient du charabia amoureux, frôlent la transe, la séance d'exorcisme. En fouillant les recoins les plus intimes de leurs souvenirs, Noémie Lvovsky et sa coscénariste Florence Seyvos dévoilent un monde hermétique, d'où sont exclus à la fois les garçons ­ inaccessible terra incognita où le désir se projette ­ et les parents, tous à côté de la plaque. La vie. n'est pas un film où chacun peut se reconnaître. C'est une incursion dans une tribu guerrière en plein branle-bas. Peu à peu, les trajectoires individuelles se dessinent, échecs sentimentaux annoncés ou vocations en germe. Un voyage en Italie résout pour Stella et Inès la question épineuse du dépucelage. Emilie, restée à Paris, endure un humiliant bizutage sur la scène d'un cours de théâtre, en même temps qu'elle tombe amoureuse de son prof tortionnaire. Bientôt, il faut choisir un chemin, études ou travail, apprendre à vivre sans les autres, ébaucher son histoire, quitte à se retrouver un soir dans un café, passablement ivres, au premier rendez-vous de la nostalgie. Tout entier, le film tient ainsi de la machine à parcourir les époques, à regarder les visages et les corps changer. Le milieu des années 70, puis le début des années 80, scrupuleusement rendus (mais sans ostentation) par les vêtements, chansons, décors, lui donnent sa patine. Et aussi son goût de pays perdu. il n'est pas sûr que les « petites » d'aujourd'hui ressemblent à celles d'hier. En ce sens, Noémie Lvovsky, aidée par ses quatre comédiennes, ahurissantes de justesse, a réussi à sauver une parcelle de passé. Peu importent le fléchissement de l'intensité, dans le dernier tiers, les ultimes anecdotes, plus convenues. quelque chose d'indicible émane de ce kaléidoscope devenu onirique, quand l'adolescence se referme à jamais sur un air de Joe Dassin. « A toi, à la petite fille que tu étais, à celle que tu es encore souvent, à ton passé, à tes secrets, à tes anciens princes charmants. » - Louis Guichard

Critique du 16/05/2015

Par Louis Guichard

| Genre. annГ©es sauvages. Quatre filles dГ©ploient leurs ailes en se cognant Г toutes sortes de… (Lire la suite)